lundi 22 décembre 2008

mercredi 17 décembre 2008

ADIDAS SUPERSTAR



































C’est en 1969 qu’Adi Dassler et son équipe de designers ont donné vie à la première Superstar. Conçue à l’origine pour briller sur les terrains de basket plutôt que pour devenir l’emblème d’un style de vie, elle n’a jamais cessé d’évoluer depuis. Les développements dont elle s’est constamment enrichie montrent avec quelle détermination Adi Dassler a toujours poussé ses créations jusqu’à leur perfection.

Le design de la Superstar s’inspire des premières chaussures de basket créées par adidas, les mythiques All Round, Supergrip et Pro Model. La All Round était une chaussure à tige haute dotée d’une semelle et d’un cou-de-pied à cambrure orthopédique. La Supergrip, dont la forme préfigure celle de la Superstar, se distinguait par une excellente traction et un remarquable amorti au niveau du talon. Avec la Pro Model, adidas franchit une nouvelle étape dans l’art de produire des chaussures de basket d’exception. Ce modèle restera comme le premier de sa catégorie à présenter un renfort en caoutchouc à l’avant-pied.

L’idée d’une coque en caoutchouc protégeant les orteils provient au départ d’une chaussure créée par adidas pour un autre sport†: la Tennis. La Superstar, fabriquée en France, fut la première chaussure de sport à tige basse tout cuir et l’une des toutes premières dotées d’une semelle extérieure à chevrons. L’accueil qu’elle reçut dépassa toutes les espérances. L’enthousiasme des joueurs fut phénoménal. Comment expliquer un tel succès†? Avec la Superstar, adidas avait créé une chaussure idéalement adaptée au basket. Elle seule possédait une “†coque†” en caoutchouc à l’avant-pied assurant une protection renforcée des orteils. Et elle seule avait un col surélevé couvrant le tendon d’Achille.


KARL-HEINZ LANG
INTERVIEW

Ancien assistant personnel d’ADI DASSLER, KARL-HEINZ LANG supervise aujourd’hui les archives d’adidas à SCHEINFELD, en BAVIÈRe. Rares sont LES TÉMOINS QUI ONT VÉCU DE L’INTÉRIEUR LA CRÉATION DE la superstar. le rÉcit qui suit REMONTE DROIT À LA SOURCE.

Dans quelle ambiance la Superstar a-t-elle été créée ?
K : A l’époque, adidas France et adidas Allemagne fonctionnaient comme deux entreprises distinctes, placées en situation de concurrence. Nous étions courtois les avec les autres, mais nous ne nous livrions pas moins une sacrée compétition ! Le basket était le fer de lance d’adidas France. Nos collègues français avaient donc une légère avance sur nous dans ce domaine. Je ne connais pas tous les détails de l’histoire. J’en sais certainement plus que beaucoup de gens… Mais je ne connais pas forcément le pourquoi du comment.

D’où est né le concept de la “coque de protection” ?
K : Le renfort en caoutchouc à l’avant-pied n’avait pas été développé spécialement pour les chaussures de basket-ball. Il a en fait été conçu pour le tennis, dans le but d’apporter un renfort à la zone des orteils. Cette protection était plus fondamentalement utile pour les tennismen que pour les basketteurs.

La silhouette de la Superstar n’était pas tellement différente de celle de la Supergrip.
K : C’est vrai… Bien qu’on trouve pas mal de différences quand on y regarde de plus près. On peut dire que la zone du talon a été modifiée. Sinon, la Superstar et la Supergrip ont été conçues selon une même philosophie de base. Leur empeigne est courte, ce qui permet d’avoir un laçage assez long pour bien s’adapter au pied, quelle qu’en soit la forme. Les ajustements sont plus faciles. À part ça, il y a aussi la languette au niveau du talon qui est légèrement plus haute sur la Superstar.

Était-ce pour cette raison que l’avant-pied était si court ?
K : Exactement. Et c’était vraiment nouveau à l’époque.

Parlons du renfort en caoutchouc à l’avant-pied de la chaussure. D’où vient ce concept†?
K : On trouvait déjà des renforts en caoutchouc sur certaines chaussures bon marché.†La semelle extérieure et d’autres parties étaient vulcanisées, ce qui constituait alors une technique classique dans la confection de ces chaussures de sport en toile. Mais adidas a toujours refusé de fabriquer ce genre de chaussures. Il faut dire que ce n’est pas vraiment l’idéal sur le plan anatomique. C’est un système dépassé qui crée des conditions néfastes pour le pied. Je ne conseille à personne de porter ce genre de baskets en toile toute la journée. Il n’empêche que ce sont ces chaussures qui ont inspiré à adidas le mythique renfort caoutchouc.

Y a-t-il une justification technique aux stries moulées sur la coque ?
K : Comme vous pouvez le constater, nos modèles de l’époque avaient déjà des lignes très épurées. Trop épurées même, aux goûts de certains de nos designers pour qui la Superstar ne se différenciait pas assez des baskets en toile ordinaires. Quelques stries supplémentaires n’allaient pas changer grand-chose au processus de fabrication. Un moule reste un moule. Et c'est vrai, ces petits reliefs en plus amélioraient significativement l’esthétique de la chaussure.

Et les fameuses 3 bandes ? Savez-vous d’où elles viennent†?
K : Après la seconde Guerre mondiale, Adi Dassler et son frère décidèrent de faire routes séparées et de créer chacun sa propre entreprise. Adi chercha immédiatement un signe distinctif qui permettrait au consommateur de reconnaître de loin ses créations. Les chaussures qu’il fabriquait étaient les plus performantes. Mais rien ne permettait de les distinguer des autres à une certaine distance. Elles ne portaient ni nom, ni logo. Dassler commença par ajouter deux, puis trois, quatre, cinq et même six bandes†! Il observa ses chaussures aux pieds des athlètes et demanda à ses collègues s’ils parvenaient à les identifier. Il tenait à ce qu'elles soient facilement reconnaissables. Il ne voulait pas les marquer de deux bandes. Il l’avait déjà essayé lors des Jeux Olympiques de 1936. Avec plus de trois bandes, cela ne fonctionnait pas très bien. Les rayures étaient trop proches les unes des autres et formaient un bloc indifférencié. Au début, Adi Dassler utilisa des bandes tantôt arquées, tantôt droites. Les désormais mythiques 3 bandes telles que nous les connaissons furent déposées en 1949. C’était la première fois qu’un signe distinctif apparaissait sur une chaussure de sport.
Personne n’avait jamais fait ce qu’Adi Dassler venait d’imaginer et d'accomplir. Le premier logo concurrent n’apparut que dix ans plus tard. Adi n’était donc pas seulement un génie en matière de développement et de techniques de confection de chaussures. Il était aussi doué d’un sens inné du marketing.


BASKET-BALL
NAISSANCE D’UNE SUPERSTAR
RECONNUE COMME CHAUSSURE DE SPORT À LA FOIS BASIQUE ET CLASSIQUE, LA SUPERSTAR EST DEVENUE À CE TITRE L’UN DES MODÈLES LES PLUS VENDUS AU MONDE. POURTANT, BIEN DES ANNÉES AVANT D’ÊTRE ADOPTÉE PAR LA PLANÈTE ENTIÈRE, LA SUPERSTAR AVAIT DÉJÀ COMMENCÉ À ÉCRIRE SA LÉGENDE SUR LES TERRAINS DE BASKET. DEVENUE CHAUSSURE OFFICIELLE DE L’ÉQUIPE CHAMPIONNE DU MONDE DÈS 1969, ELLE JOUISSAIT D’UNE GRANDE POPULARITÉ EN EUROPE OÙ ELLE ÉQUIPAIT NOTAMMENT LES SÉLECTIONS NATIONALES ESPAGNOLE, ALLEMANDE, ITALIENNE ET YOUGOSLAVE.

De l’autre côté de l’Atlantique, adidas gagnait également du terrain en NCAA* et en ABA (American Basketball Association)**. Des équipes aussi prestigieuses que les Denver Nuggets et les Sacramento Kings semaient désormais la terreur sur le terrain, adidas†au pied. Et, avant de se voir dédier un modèle signature à son nom, le grand Kareem Abdul-Jabbar, him-self***, flambait sur les parquets en Superstar, dès le début des années 70.

* Championnat américain de basket-ball universitaire
** Association américaine de basket-ball
*** lui-même


Voici une liste des joueurs professionnels qui ont porté la Superstar. Beau carnet de balles !

BOB VERGA
RALPH SIMPSON
GEORGE IRVINE
GERVIN GERVIN
BOBBY JONES
MIKE GREEN
RICK BARRY
LARRY JONES
CHUCK WILLIAMS
RON BOONE
ZELMO BEATY
MACK CALVIN
CHARLIE SCOTT
MEL DANIELS
DONNIE FREEMAN
FREDDIE LEWIS

CULTURE
DU HIP-HOP AU ROCK
dePUIS LES JOURS TENDRES DE ses dÉbuts ANONYMES JUSQU’À sA CONSÉCRATION À LA UNE Des magazines, sous les feux de la rampe et sur GRAND ÉCRAN, la Superstar D’Adidas A TOUJOURS AFFICHÉ LA FACULTÉ D’ÉVOLUTION D’UNE CHAUSSURE polyvalenTe et intemporELLE. ET ELLE Y A AJOUTÉ LE rayonnement D’UNE VÉRITABLE icÔne CULTURELLE. APRÈS AVOIR dÉbutÉ sa carriÈre sur les terrains de basket de l’ABA et de la NCAA, LA SUPERSTAR FUT TRÈS VITE ADOPTÉE PAR UNE MULTITUDE de joueurs, professionnels COMME amateurs. À une Époque oÙ la toile dominait, le cuir DANS LEQUEL ELLE ÉTAIT TAILLÉE DONNAIT matiÈre À L’AIMER AUTANT QUE sa “coque EN CAOUTCHOUC” qui lui CONFÉRAIT SON caractÈRe unique. DIFFICILE À DÉNICHER CAR VENDUE UNIQUEMENT DANS quelques MAGASINS DE SPORT POINTUs, LA SUPERSTAR GAGNA AINSI LE statut de piÈce rare et recherchÉe.


En dehors des terrains de sport, la scène musicale donnait le ton de la mode. Au début des années 80, le mouvement hip-hop bénéficia pour la première fois du pouvoir d’amplification du cinéma. Des œuvres comme “Style Wars“ et “Wild Style“ ouvrirent les portes d’un plus large public à l’avant-garde new-yorkaise. Ces films offrirent une reconnaissance internationale à la culture hip-hop. Et les chaussures adidas devinrent une sorte d’uniforme officieux pour la grande majorité de ses adeptes partout sur la planète. La Superstar fut également adoptée par les légendes du rap Run DMC, auxquels adidas rendit hommage en 1988 en créant l’Ultrastar, une version de la Superstar spécialement revisitée en leur honneur.

Mais le succès de la Superstar ne se limita pas à l’univers du hip-hop. En 1987, dans une période marquée par la fusion des genres musicaux, un groupe de métal comme Anthrax eut l’audace d’emprunter le look b-boy et de s’afficher en survêtements et chaussures de sport adidas sur la couverture de son single “I’m The Man”. Dans le même temps, la scène hardcore new-yorkaise (NYHC) se découvrait des liens plus étroits et plus profonds qu’imaginé avec le métal et le rap. Alors que la vogue hip-hop commençait à refluer, de nombreux groupes hardcore maintinrent la Superstar sur le devant de la scène.


source : http://www.superstar35competition.com
photo: abibas / collection: Pacomelis

mardi 9 décembre 2008